mercredi 28 août 2013

DEFINITIONS SUCCESSIVES DE LA PSYCHOLOGIE POSITIVE


LA PSYCHOLOGIE POSITIVE


Corinne Cosseron avec Martin Seligman, fondateur de la Psychologie Positive,
pendant le 1er Congrès de l'IPPA (International Positive Psychology Association) (USA-2009)

1.    Les définitions successives de la psychologie positive


La psychologie positive
est un nouveau courant de recherches de la psychologie en pleine expansion et bouillonnements.

Révolutionnaire, elle propose de s'intéresser non plus à ce qui dysfonctionne chez les individus mais plutôt à ce qui fonctionne le mieux afin de l'étudier et de pourvoir le transmettre à tous. L'idée n'est plus d'aller d'un état pathologique estimé à moins cinq à un état normal qui serait à zéro, mais bien d'aller de cet état normal à un niveau d'épanouissement qui serait à plus cinq. Ce domaine longtemps dévolu au champ du développement personnel est maintenant accaparé par la communauté scientifique ce qui va permettre des bonds en avant prodigieux à cette discipline qui ambitionne, entre autre mais pas que, de nous rendre durablement et sainement  plus heureux!

Le psychologue hongrois Mihaly Csikszentmihalyi et le psychologue américain Martin Seligman, ancien président de l'American Psychological Association (APA), sont les initiateurs de ce courant faisant suite au courant de la psychologie humaniste initiée dans les années 50 aux États-Unis par Abraham Maslow qui a étudié les besoins et les motivations des individus, et Carl Rogers qui s'est intéressé à l'épanouissement de la personne. 

Désormais, les scientifiques enquêtent donc rigoureusement sur ce qui rend les êtres humains heureux et la manière dont ils peuvent mener une vie épanouie et satisfaisante. En tant que domaine de recherche, le but est de comprendre et de favoriser les facteurs qui permettent aux individus, les communautés et les sociétés de prospérer (Seligman & Csikszentmihalyi, 2000), en adaptant le meilleur de la méthode scientifique aux problèmes particuliers que les comportements humains engendrent.

Lors d'un discours prononcé en 1998 durant sa présidence de l'APA (Association Américaine de Psychologie), Martin Seligman a soulevé le fait que depuis sa création une centaine d'années plus tôt, la psychologie ne s'était concentrée que sur l'approche pathologique, négligeant les aspects positifs de l'être humain tels la créativité, l'espoir ou la persévérance. Comme il devait donner un thème à sa présidence, il a proposé que ce soit "LA PSYCHOLOGIE POSITIVE", ce qui a sonné sa naissance officielle. Depuis ce discours, les définitions se succèdent et s'affinent au fil des années.

En voici un petit panorama destiné à vous permettre de découvrir son évolution que nous avons tous la chance de vivre en direct!

·         1999 : 1ère définition de la psychologie positive
Par Ken Sheldon, Barbara Fredrickson, Kevin Rathunde, Mihaly Csikszentmihalyi et Jonathan Haidt,
Manifeste Akumal, Janvier 1999 revu en Janvier 2000

La psychologie positive est l'étude scientifique du fonctionnement humain optimal. Elle vise à découvrir et promouvoir les facteurs favorisant l'épanouissement des individus et des communautés. Le mouvement de la psychologie positive représente une nouvelle démarche de la part des chercheurs en psychologie afin de se focaliser sur les sources de la bonne santé psychologique, en dépassant l'accent précédemment mis sur la maladie et les troubles mentaux.

·         2002 : 1ère définition de Martin Seligman
Martin Seligman, La fabrique du bonheur - Vivre les bienfaits de la psychologie positive au quotidien, Interéditions, 2011

La psychologie positive repose sur trois piliers : l'étude des émotions positives, l'étude des traits de personnalité positifs, en particulier nos forces et nos vertus mais aussi nos aptitudes, et enfin l'étude des institutions positives.

Martin Seligman définit alors la psychologie positive comme devant permettre de se concentrer sur les forces plutôt que sur les faiblesses des individus et développer les talents pour atteindre l'épanouissement plutôt que guérir les pathologies.

Il distingue trois niveaux de bonheur :
1.     LA BONNE VIE (pleasant life), basée sur le plaisir, dont l'objectif est de vivre de nombreux plaisirs et d'en amplifier les effets. Ce type de bonheur instantané ne dure pas puisque l'effet des plaisirs décroît avec l'usage.
2.     LA VIE ENGAGÉE (good life) basée sur l'engagement, dont l'objectif est de connaître ses forces pour se maintenir dans un état de bien-être optimal. C'est le flow décrit par Mihaly Csikszentmihalyi, cet état où on ne voit plus passer le temps tant l'activité que nous faisons nous captive et nous apporte satisfaction. Le plaisir est plus profond et génère des émotions positives dont la durée est plus longue que celles générées par des plaisirs éphémères. La personne est dans un état de satisfaction.
3.     LA VIE SIGNIFICATIVE (meaningful life) basée sur le don de soi où l'individu connaît ses forces et les met au service d'une cause plus grande que lui-même. Le sentiment d'accomplissement est alors profond et durable.

·         2005 : 2ème définition de la psychologie positive
Par Shelly L. Gable & Jonathan Haidt, Review of General Psychology, 2005, Vol. 9, No. 2, 103

La psychologie positive représente l'étude des processus et conditions menant au fonctionnement optimal des individus, des groupes et des organisations.

·         2005 : Définition de la "nouvelle" psychologie positive
Par Martin Seligman, Hunstman Hall, Octobre 2005, raconté in, Flourish: A Visionary New Understanding of Happiness and Well-being, Atria Books, 2011, trad : S'épanouir, Belfond, 2013, p 31

J'avais coutume de penser que l'objet de la psychologie positive était le bonheur, que la mesure étalon servant à l'évaluer était la satisfaction éprouvée dans la vie, que le but de la psychologie positive était d'augmenter cette satisfaction. Je considère désormais que l'objet de la psychologie positive est le bien-être, que le critère d'évaluation de ce dernier est la vie épanouie, et que le but de la psychologie positive est d'avoir une vie plus épanouie. Cette théorie que j'appelle la "théorie du bien-être" est très différente de la "théorie du bonheur.

J'ai aussi changé d'avis sur la nature des composantes de la psychologie positive et sur l'objectif qu'elle devrait se donner.

1ÈRE DÉFINITION DE LA PSYCHOLOGIE POSITIVE
DÉFINITION DE LA "NOUVELLE" PSYCHOLOGIE POSITIVE
Théorie du bonheur authentique
Théorie du bien-être
Objet d'étude : le bonheur
Objet d'étude : le bien-être
Mesure : satisfaction dans la vie
Mesures : émotion positive, engagement, sens relations positives et réussite
Objectif : augmenter la satisfaction dans la vie
Objectif : augmenter l'épanouissement par l'augmentation de l'émotion positive, de l'engagement, du sens, des relations positives et de la réussite.

·         Aujourd'hui
Les recherches en psychologie positive se multiplient dans toutes les directions afin de déterminer le fonctionnement optimal des individus, des relations entre individus, des groupes, des institutions et des sociétés.

Pour en savoir plus :
- Martin Seligman, S'épanouir : Pour un nouvel art du bonheur et du bien-être, Belfond, L'esprit d'ouverture, 2013
- Bibliographie sur le bonheur et la psychologie positive
- Définitions du bonheur en psychologie positive 

lundi 26 août 2013

LA MINDFULNESS, MÉDITATION DE LA PLEINE CONSCIENCE




Article rédigé par Corinne Cosseron à partir des données fournies par l'Association Française de la Mindfulness et le Center of Mindfulness.

"La pleine conscience - mindfulness - signifie diriger son attention d'une certaine manière, c'est-à-dire: délibérément, au moment voulu, sans jugement de valeur."

Jon Kabat-Zinn

Imaginée initialement par le médecin américain Jon Kabat-Zinn en 1979 pour aider ses patients à lutter contre le stress et les douleurs engendrées par leurs maladies, la mindfulness, basée à la fois sur des sagesses orientales (pratiques bouddhiques de la méditation) et sur les sciences occidentales (médecine, neurosciences, psychologie, lutte contre le stress et thérapies comportementales et cognitives - TCC), conquiert chaque jour davantage d'Occidentaux.

La pleine conscience est une qualité humaine fondamentale de tous les instants que l'on cultive en prêtant une attention particulière à l’instant présent, et ce de manière aussi peu discriminante et aussi sincère que possible. Elle se cultive intentionnellement par la pratique quotidienne de la méditation qui permet de s’extraire progressivement des conflits, des déchirements et des tiraillements de tous ordres, permettant de gagner peu à peu en liberté, en sagesse et en paix. 

La mindfulness se divise en deux courants :

- La MBSR créée en 1979 par Jon Kabat-Zinn pour répondre aux besoins de ses patients puis du grand public;
- La MBCT adaptée en 2009 par les cognitivistes Zindel Segal, John Teasdale et Mark Williams pour prévenir les rechutes de dépression.

1 - La MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction) ou "Réduction du stress basée sur la pleine conscience " est le nom donné par Jon Kabat-Zinn au programme qu’il développe à la clinique de réduction du stress du centre hospitalier du Massachusetts depuis 1979, devenue maintenant le CFM, Center for Mindfulness in Medecine, Health Care, and Society. 

Initialement développés dans les hôpitaux, les programmes de réductions du stress ont élargi leurs champs d’application pour venir en aide à d’autres catégories de population (prisons, entreprises, personnes âgées, étudiants, etc.)

2 - La MBCT (Mindfulness Based Cognitive Therapy) ou "Thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la prévention des rechutes dépressives" est un protocole dont l’intérêt a été validé pour la prévention des rechutes dépressives chez des personnes ayant connu au moins trois épisodes dépressifs. On a montré un taux de rechute diminué de 50% et une durée entre les rechutes significativement allongé (Bondolfi et al, 2009). Il s’agit d’une thérapie de groupe basée sur le programme MBSR qui intègre en plus des éléments de thérapie cognitive et comportementale.


·         PROGRAMME INITIAL MBSR :

Le programme MBSR s'adresse à tous. Il consiste à guider, pas à pas,  les participants vers leur aptitude à progresser dans l’apprentissage de leur propre expérience méditative.

Huit séances hebdomadaires de deux heures trente et une journée complète de pleine conscience permettent d'apprendre à méditer quotidiennement en seulement deux mois.


·         PROGRAMME INITIAL MBCT :

Le programme MBTC  propose aux dépressifs un protocole de 8 séances hebdomadaires de 2h.


·         FORMATION D'INSTRUCTEUR MBSR

Le cursus de formation à l’enseignement de la MBSR se déroule en 4 phases réparties sur plusieurs années d'enseignement et aussi d'une pratique personnelle quotidienne. Après avoir suivi avec succès les deux premières phases, les instructeurs peuvent commencer à enseigner la MBSR.

Phase 1: Premiers pas

·         1 - Avoir suivi un programme MBSR en huit semaines
·         2 - Avoir participé à au moins une retraite de pleine conscience guidée de 5 à 10 jours en silence

Phase 2: Formations et expériences fondamentales

·         3 - Practicum en MBSR en 9 jours
·         4 - La MBSR en Médecine Intégrative en 7 jours ("MBSR in Mind-Body Medicine"): séminaire/retraite guidé par Jon Kabat-Zinn et Saki Santorelli;
·         5 - Formation intensive de développement de l'instructeur (« Teacher Development Intensive » ou TDI) en 8 jours
·         6 - Pratique quotidienne de méditation, de yoga et d’autres pratiques fondées sur l'attention centrée sur le corps; Participation à au moins 2 retraites de pleine conscience guidées de 5 à 10 jours en silence.


Phase 3 : Approfondissement en tant qu’enseignant MBSR

·         Enseigner au moins 4 programmes MBSR complets.
·         Enseigner au moins un programme MBSR complet en étant supervisé
·         Pratique quotidienne + au moins 3 retraites de pleine conscience guidées de 5 à 10 jours en silence.
·         Supervision

Phase 4 : Certification en tant qu’enseignant MBSR

·         Avoir enseigné un minimum de 8 cycles MBSR de 8 semaines.
·         Avoir une pratique quotidienne de méditation, de yoga et d’autres pratiques fondées sur l'attention centrée sur le corps; s’engager personnellement à intégrer la pleine conscience dans la vie quotidienne.
·         Détenir un diplôme d’enseignement professionnel ou expérience professionnelle équivalente.
·         Avoir participé à au moins 4 retraites de pleine conscience guidées de 5 à 10 jours en silence, dont au moins 2 de 9 jours ou plus.
·         La pratique quotidienne de pleine conscience,
·         La participation à des retraites menées par des enseignants expérimentés,
·         La pratique régulière de yoga ou autres pratiques de l'attention centrée sur le corps,
·         Formation professionnelle pertinente.

Ressources :
·         Association française de la mindfulness :
http://association-mindfulness.org/index.php
·         Center for mindfulness :
www.umassmed.edu/cfm/oasis/ataglance/index.aspx